Dans la brume

45ème jour de confinement. La vie, désormais, semble prise entre les mâchoires d'un étau et tout semble aller de l'envie à l'impossibilité. On ose à peine faire des projets, à peine imaginer le retour à la normale, et de jour en jour, sous nos yeux impuissants, l'univers rétrécit, réduit en peau de chagrin. Pour ne rien arranger, le temps a lui aussi ses sautes d'humeur et ne cesse de varier. D'un matin à l'autre, on se réveille en juin ou en novembre, et malheureusement, aujourd'hui, c'est novembre qui gagne : le ciel est gris, bas, vilain, et la pluie et le vent nous obligent à refermer les fenêtres qu'on avait ouvertes en grand, à renoncer même à la promenade au fond du jardin.  Alors, dans ce climat morose, chacun met son mouchoir sur ses chagrins et avance malgré tout, de petite besogne en petite besogne : Tiens, aujourd'hui, j'ai cousu un masque, j'ai pédalé 45 minutes, j'ai vu un film  et je suis même allé(e) jusqu'au supermarché ( Bienheureux celui qui a pu faire tout ça!). Il faut se forcer à conserver un oeil sur le calendrier pour se remémorer la date exacte et s'obliger à une certaine rigueur, se lever, se laver (je préfère ne pas commenter ici les dernières statistiques sur l'hygiène des Français) et, comme au premier jour, se donner des objectifs... Je m'y emploie en dressant des listes : il faut que je couse encore au moins deux masques pour ma fille, ce week-end je dois planter les aromatiques et faire les plans définitifs de la cuisine pour le mas, la semaine prochaine il faut que je lave les 3 paires de rideaux du salon. J'en aurais bien profité pour ranger le bazar de mon bureau mais l'Homme s'y est installé depuis six semaines et je ne m'y sens plus chez moi à présent. Cela attendra encore un peu. Et pour le reste... le reste je ne sais pas. On verra bien... L'essentiel, pour le moment, est de garder le cap.