Patience et longueur de temps...

36ème jour de confinement. Les jours passent comme ils peuvent. La date de l'après approchant, on se projette plus ou moins, personne ne sachant exactement ce qui sera autorisé -ou pas. Lou a trouvé un bel appartement dans le 12ème arrondissement de Paris, qu'il lui tarde d'aller visiter, mais pour l'instant, elle est bloquée à Nice et nul ne sait quand elle aura le droit de prendre un train. Cela fait six semaines maintenant que nous n'avons pas vu notre fils et si les appels en facetime aident à patienter, rien ne remplace la véritable présence. Nous pensons de ce fait à tous ceux qui se trouvent isolés et qui n'ont plus aucun contact. Et, pour ne rien arranger, le ciel est triste et bas, et il tombe depuis hier une pluie fine de novembre. Nous continuons de nous concentrer sur l'action :  après avoir vu toutes les réalisations autour de nous, dans des ateliers de couture improvisés au gré des foyers, il nous reste à nous lancer nous aussi et à essayer de faire ce dont tout le monde parle aujourd'hui : des masques... J'aurais préféré me lancer sur un joli sac de plage, mais il aurait fallu pour cela pouvoir se rendre dans une mercerie et remplir son panier de toutes sortes de fournitures indispensables pour la confection d'ouvrages charmants et cela, justement, nous est interdit. Alors il faut bricoler avec ce que l'on a à la maison, et même si nos placards regorgent de trésors oubliés et qui retrouvent utilité et intérêt en ces jours de confinement domestique, il manque toujours quelque chose d'indispensable. Alors on se retrouve à refaire les gestes déjà accomplis : les plantes n'ont pas été livrées, on continue de désherber... Ce sera toujours cela de fait...mais c'est moins drôle, force est de le reconnaître. Et puis, à l'heure où faire du sport n'est pas si evident ( je rêve de retrouver le stade...), on ne peut pas tester toutes les recettes! Déjà la balance affiche un résultat qui me plonge dans un état de forte culpabilité, alors ce serait bien que les choses reviennent à la normale, non?! Bref, ce dont je m'accommodais plutôt bien jusqu'à là me pèse étrangement depuis quelques jours, et sans doute est-ce un effet de ce vilain temps : je suis trop connectée à la météo, je le sais. Pourtant, le jardin lui, resplendit sous cette pluie. Les arbres, les plantes, les premiers bourgeons, tout reverdit et se gorge de sève. Les balconnières nettoyées débordent de parme et de lilas. Les iris pointent fièrement et, je le sais, les buissons d'agapanthes se préparent, attendent leur tour. Il suffit d'un peu de patience - ne pas croire qu'on peut tirer sur la fleur pour la faire pousser...

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage... (Il faudrait toujours, toujours, revenir à ses maîtres.)