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25 mars 2020

Des mots mais pas d'images

"Je n'ai jamais su lire les images..." C'est une discussion récurrente entre lui, l'amoureux des belles BD, et moi, qui ne lis que des romans, ou presque. Je n'ai jamais su lire la bande-dessinée, j'ai bien essayé, à de nombreuses reprises, et il y en a même certaines que j'ai vraiment aimées ( en vrac, Persépolis, l'Arabe du futur, Quelques mois à l'Amélie, toute la série Magasin Général , et j'en oublie sans doute) mais je les lis imparfaitement, sautant de bulle en bulle, en négligeant l'image le plus souvent, alors, quel intérêt vraiment...? C'est sans doute lié à mon éducation si je reviens toujours au roman, je n'ai pas le souvenir qu'on m'ait proposé de bandes-dessinées, enfant... En revanche, je ressens encore le plaisir vif, la joie intense que me procurait le moment de me voir offrir l'un de ces volumes de la "bibliothèque rose" ( j'ai longtemps vécu dans l'ombre de Fantômette, fus un membre actif du Club des Cinq, du Clan des Sept, et en voulus beaucoup à mes parents de ne m'avoir jamais envoyée à Malory School, qui me semblait alors le seul endroit digne d'intérêt sur Terre) puis de la  bibliothèque verte ( les aventures des Soeurs Parker  ou bien d'Alice, bien sûr, et de son "coupé décapotable" lequel m'impressionnait au plus haut point - je me suis longtemps demandé ce que cela pouvait bien être, un coupé décapotable...), plus tard encore les publications soignées de la jolie collection rouge et or qu'affectionnait particulièrement ma mère, grande lectrice elle aussi, dont elle ne me privait jamais et que je dévorais à peine reçues. Ma mère, parfois, soupirait "que je lui coûtais cher" ( les livres, pourtant, n'étaient pas aussi coûteux qu'aujourd'hui, non? ou est-ce une idée fausse ?) et nous montions alors dans sa vieille voiture pour parcourir ensemble les trente-cinq kilomètres qui séparaient notre minuscule village, perdu au fin-fond de la sombre et brumeuse campagne du Cambrésis où mes parents demeuraient alors, de la ville qui, à cette époque, me semblait grande et qui n'était certainement qu'une belle bourgade de province mais où, enfin, nous pouvions trouver ce qui manquait chez nous, en l'occurence une bibliothèque. L'une et l'autre, après de belles heures de déambulations dans les allées poussiéreuses de ce lieu ô combien fascinant, nous rentriions chargées de livres, de quoi tenir une belle quinzaine et alléger le budget familial, pressées surtout de retrouver la maison et notre coin de lecture. Mes livres d'enfant ont été mes meilleurs amis, je m'en rends compte, et avec eux, à partir d'eux, j'ai élaboré mon univers. Les images des bandes-dessinées ne m'ont jamais manqué, les mots, très tôt, ont pris toute la place dans mon rapport au monde. Aujourd'hui, de mon village de l'extrême sud-est de la France, minucule mais ensoleillé de mimosas, de citronniers plantés dans un ciel d'azur, j'observe un monde nouveau, où l'image est omniprésente... et je me dis qu'il y en a bien suffisamment, qu'en ajouter est inutile. Alors ce blog sera sans image, mes amis. Vous n'y trouverez que des mots, des mots des mots des mots, rien de très important sans doute et à l'évidence, rien de révolutionnaire - je n'ai pas ce talent-, mais ce sera, pour moi d'abord et puis peut-être pour vous aussi, une pause, une parenthèse, le temps de saisir une idée comme on voit passer au loin un nuage dans le ciel, de l'observer et de la laisser s'éloigner. 

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